Angerville - Artenay : 30,5 km dans la campagne beaucerone chère à Péguy («voici l'immense houle et l'océan des blés»)...En fait, on peut ajouter au moins 3 km, parce que j' ai systématiquement évité les chemins de terre. Ce n'est pas le moment de les prendre. J'en ai fait la cruelle expérience hier. On me dit que le chemin le long de la Loire est sous eau. Nous verrons bien demain. A chaque jour suffit sa peine.
Sur mon smartphone, les prévisions météo s'améliorent. Elles sont passées en une semaine de «averses» pour les trois jours qui suivent à «nuages intermittents» pour les trois jours qui suivent. La température aussi remonte (doucement). Je dois dire que jusqu'ici, je n'ai pas eu trop chaud, ni dû employer ma crème solaire (que ma dermatologue m'avait pourtant chaudement recommandée). J'ai quitté Angerville dès potron-minet, c'est-à-dire à 6h15. Le coq voisin chantait. Quel calme ce samedi matin, pas de voitures; la route est pour moi tout seul...Joie qu'il me soit donné de tenter cette aventure. Action de grâce...Je porte dans mon coeur tous ceux que j'ai laissés. En traversant le village de Ouestreville, un promeneur matinal me souhaite bon courage. Le ciel est plombé, mais il me semble que c'est plutôt de la brume que des nuages menaçants. Il fait relativement doux. Dieu est grand (c'est une traduction), non dans le fracas des armes ou les longs couteaux qui égorgent (Abraham l'avait déjà compris), mais dans la douceur, le silence, la paix. Parfois un lapin, tout surpris, traverse la route. En traversant cette immense plaine et ces champs à perte de vue, je me dis que les cultivateurs nourrissent Paris, qui, sans eux, mourrait de faim. Une phrase du chant me revient de façon récurrente : «l'argile incertaine de notre humanité». Le moindre bobo peut nous arrêter : un ongle coupé trop court, une ampoule, une cheville fragilisée, ...9h : à Oinville-Saint-Liphard, le soleil perce les nuages. Je ne l'avais plus vu depuis longtemps.
Arrivé à Artenay, le prêtre polonais qui me reçoit, le Père Stanislas, n'est pas chez lui. C'est samedi, jour de «travail» pour lui : baptêmes, mariage, messe...Je vais en attendant à l' «As-Hôtel» boire un verre et envoyer mes deux derniers messages, car la wifi est gratuite. Le temps de lire mes mails, je téléphone : il est chez lui. Il me montre ma chambre (dans sa maison), les douches, les toilettes, et il s'en va célébrer ailleurs. Quand il revient, il réchauffe pour moi une excellente soupe aux champignons, qui me réchauffe. Cependant, il n'a pas la wifi, c'est une option personnelle qu'il a prise. Donc : à demain !
PS/ À Angerville j'ai vu des petites plaques ovales avec le nom du «propriétaire» (voir photo) vissées sur les bancs de l'église. L'évangile risque toujours entre nos mains de devenir «christianisme», juste un «isme» de plus...
dimanche 5 juin 2016
4 juin Artenay
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