16 juin Poitiers maison diocésaine

J'écrirai demain matin. Trop fatigué ce soir.
Voilà, ça va mieux. En fait j'avais déjà commencé à écrire hier soir, mais, suite à une fausse manoeuvre, j'avais tout effacé. Aussi je me suis dit qu'il valait mieux attendre un peu, que cela irait mieux demain.
La journée d'hier était rude, à cause de ces pluies d'orage qui cessent après dix minutes, puis reprennent, et ce ciel constamment changeant qui passe du soleil éclatant au gris le plus sombre.
C'était hier la 32° étape : NAINTRÉ - POITIERS : 26,5 km. Au gîte de Naintré, il restait 1.395 km (photo). J'ai suivi la voie romaine sur 22 km (photo). Elle continue jusqu'à Poitiers. Je suis logé à la maison diocésaine, comme la canadienne du Nouveau Brunswick que j'ai revue hier. Son pied va mieux. Poitiers est une ville énorme. Je la voyais de loin, impressionnante, remplir tout l'horizon. J'y suis rentré, sous une pluie battante, par Buxerolles, faubourg nord-est de la ville. Comme je passais à-côté d'un bureau de poste, j'en ai profité pour renvoyer les deux pantalons taille L et mon NT, que je n'avais pas ouvert depuis un mois. C'est plus facile de le faire dans un bureau de banlieue,plus calme, car pour un pèlerin sous la pluie, ce n'est pas simple d'envoyer un colis. Sans compter les formalités administratives habituelles, ..il me faut d'abord enlever dehors ma cape toute mouillée, entrer dans le bureau de poste et trouver un endroit discret où déposer mon sac, ouvrir le sac (ce qui est déjà en soi tout un rite, puisqu'il faut d'abord enlever le bâton qui est accroché au sac, enlever la galette-matelas qui est attachée au-dessus, ouvrir le sac, retirer le paquet - préparé la veille au soir - refermer le sac et remettre tout ce que je viens de dire...ouf !). En sortant, j'ai du tourner un peu en rond avant de trouver mon chemin.

J'ai oublié de dire que le matin, j'ai fait un léger détour pour aller voir le site de la bataille de 732, entre Charles Martel et Abd-er-Rahman. J'ai pris une photo panoramique du site (présumé) de la bataille, mais ça ne donne pas grand-chose (photo). Sur la voie romaine, il y a aussi une croix très ancienne, qui servait de point de repère aux pèlerins. Elle a été restaurée (ou refaite?) (photo). Un peu avant Dissay, une voiture derrière moi ralentit,  et le conducteur me souhaite «buon camino !»...Il a un peu l'air d'un gentleman anglais, avec sa moustache grisonnante. Voici qu'un peu plus tard, la voie romaine se transformant  en chemin de terre, je veux l'éviter, et passer aussi au village, car je voudrais boire une tasse de café et prendre quelque chose. Je suis parti le matin à jeun, dès potron-jacquet (Fabrice, le Français d'Orléans, qui aime sa ville, m'a appris qu'on disait les deux) En entrant au village, quelqu'un est assis devant sa maison et m'interpelle...c'est celui qui s'était arrêté un peu avant, l'homme à la moustache! _ une tasse de café ? _ avec plaisir ! _ entrez ! Et ils m'accueillent dans leur maison, qui est celle de sa grand-mère. Lui a été instituteur dans le Sud-ouest, mais à la mort de sa mère, la maison étant vide, il est revenu la rénover et l'habiter.. Sa femme est de Bordeaux. Elle a apporté des croissants et un gateau plat, qui remplit l'assiette, appelé «Broyé du Poitou». C'est délicieux ! On ne le coupe pas avec un couteau, mais on en brise des morceaux à la main. Ayant été toute sa vie «entre quatre murs», comme il dit, il avait envie de voyages, de marcher. Il est parti de chez lui pour Compostelle, mais, arrivé à Leon, son genou a lâché. Il a recommencé l'année suivante, à partir d'Arles, et, cette fois, est arrivé. En les quittant, il m'a conseillé de reprendre la voie romaine. Elle est tout-à-fait praticable et c'est bien mieux que suivre la départementale, dont les bas-côtés sont pratiquement inexistants. J'entre dans Poitiers à 3h30, et arrive à la maison diocésaine vers 4h30. Un énorme bâtiment, aux multiples fonctions. J'occupe la chambre 219. Les douches sont dans un local à part, mais l'eau est bien chaude. Quelques photos : j'aime bien cette rose qui veut aller voir de l'autre côté de la haie; le poteau avec l'indicatif St Jacques : on aperçoit un peu Poitiers à l'horizon.