samedi 16 juillet 2016

16 juillet Redecilla del Camino

62° étape :  Najera - Redecilla del Camino (32,8 km)...Normalement, l'étape était à Granon (28,8 km), c'était déjà une belle étape, mais je me sentais en forme et j'ai voulu avancer un peu et rompre le rythme
des  étapes programmées par le guide. Bien m'en a pris car j'ai découvert une charmante petite auberge, aux dimensions familiales : deux chambres l'une de 4 lits et l'autre de 6. On se sent presque comme à la maison et le prix est démocratique (19 euros pour la chambre,
le souper et le petit déjeuner).   Ce matin, à Najera, Jose a absolument voulu se lever à 5h pour me préparer le petit déjeuner : café, melon, petits gâteaux..J'ai vraiment été gâté par lui. Et puis il m'a accompagné un bout de chemin, mais il a dû s'arrêter un peu (il a été opéré du coeur); je lui ai dit de rentrer, de faire attention, mais il a quand même voulu aller au début de la grande côte, puis nous nous sommes embrassés. Il me regardait partir, et m'a dit au revoir deux ou trois fois. C'était touchant. En marchant sur la route, je me suis dit que Sartre avait en partie raison quand il dit : «l'enfer, c'est les autres». Il y a une façon de comprendre qui n'est peut-être pas celle de Sartre. Je m'explique. La journée d'hier a été pour moi, malgré toute l'attention dont j'ai été l'objet (ou peut-être à cause d'elle), très pénible, un peu comme un enfer : l'enfer de la non-communication involontaire. Il me parle, je ne comprends pas; je veux lui dire quelque chose, je n'y arrive pas. Quand cela dure des heures, c'est long et on aspire à être seul. De même quand dans les auberges municipales où il y a un tas de monde qui parlent et qui rient, et que vous ne pouvez pas entrer vous-même en communication,  vous éprouvez davantage votre solitude. L'enfer survient de la présence d'autres avec qui vous ne pouvez pas communiquer. Ce n'est pas de leur faute, mais de la vôtre. Vous n'avez pas fait ce qu'il faut pour communiquer (ici : apprendre la langue). Si les autres n'étaient pas là,  vous éprouveriez moins votre solitude. C'est dans ce sens que, d'une certaine façon, on pourrait dire que l'enfer c'est les autres.
Je reviens au gîte et à son propriétaire, un homme encore jeune, apparemment épris de psychologie et de religions (une dizaine de livres sur l'ennéagramme), toute une petite bibliothèque sur les religions : christianisme, judaïsme, soufisme,...Le nom du gîte est déjà symptomatique : «essentia»...Quand on arrive, on est accueilli par un verre d'eau citronnée, qui vous rafraichit bien. Une musique relaxante et des effluves de parfums divers qui vous titillent les narines.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire